Hall

Thomas à Héléna : Attends Héléna, s’il te plaît ! S’écria-t-il après avoir balayer la salle du regard. Il avait reconnu sa silhouette de dos accourir vers les étages. A grandes enjambées, bousculant quelques agents qui freinèrent sa course, Thomas la rejoignit entre un ascenseur et la porte qui menait à la case d’escalier. Le centre du comptoir l’accueil les séparait à présent de la grande porte d’entrée qui s’était refermée le temps qu’il la rattrape. Personne autour d’eux, parfait.

Le scientifique saisit son poignet, la respiration discontinue, non pas par l’effort de cette courte course mais par un cœur battant la chamade, appréhendant tellement la suite des évènements.

Thomas à Héléna : S’il te plaît ne prend pas en considération ça… C’est une ‘ex-relation’ –s’il pouvait appeler ça comme ça !- qui s’est cru tout permis ! Je te promets, elle m’a embrassé et je n’ai pas eu le temps de réagir avant que tu n’arrives… Finit-il plus doucement à s’approchant, espérant qu’elle l’ait entendu et ne s’enfuie pas…

Jamais il n’avait autant voulu qu’on l’écoute, qu’on considère ses mots… S’il te plaît… un soupir de démuni…juste un soupir de démuni et un regard de dépité. Il esseyait d'accrocher son regard si seulement elle ne le fuyait pas...

Jamais...Jamais, je n'aurais pu imaginer me retrouver encore une fois dans une situation pareille. C'était invraisemblable, étais-je vraiment si naïve pour me faire avoir si facilement ? Je ne pouvais tout simplement y croire.
Tandis que je franchissais le couloir qui allait me mener aux ascenseurs pour atteindre le second étage, il me rattrapa. Au fond j'avais espéré qu'il le fasse, qu'il tente de se justifier, mais à quoi bon ? Les faits étaient là, le croire sur paroles reviendraient à lui redonner la satisfaction de tomber une nouvelle fois dans son piège.

Je l'ignorai alors qu'il me priait de l'attendre, appuyant sur le bouton d'appel du premier ascenseur avec lassitude. Je n'allais pas avoir de chance, encore une fois. Les portes libératrices de cette cage en fer n'allaient s'ouvrir que lorsqu'il serait trop tard...Thomas m'agrippa le poignet, et je me retournai pour être en face de lui. Ma gorge s'était serrée et mes yeux brillaient, je m'empêchais tout juste de ne pas craquer.

Thomas à Héléna : S’il te plaît ne prend pas en considération ça… C’est une ‘ex-relation’ qui s’est cru tout permis ! Je te promets, elle m’a embrassé et je n’ai pas eu le temps de réagir avant que tu n’arrives…

Alors en plus de cela c'était une ex, hm, ça ne m'étonnait pas vraiment. Et que voulait donc signifier la fin de sa phrase hein ?! J'affichais une mine passablement étonnée, et comme si je comprenais soudainement la situation, je rétorquai sèchement.

Tu veux dire que si je n'étais pas arrivée, tu aurais continuer. Hm, merci de le préciser, c'est toujours bon à savoir !

Si c'était le moment où je devais lui déballer tout ce que j'avais à dire, alors soit, mais ça allait prendre du temps, ah oui. Il ferait mieux de prendre sa journée...

Ce que je voudrais comprendre, c'est pourquoi tu me fais ça alors que tout allait bien ! Tu vois, je pensais que t'en avais quelque chose à faire que ça marche ou pas entre nous, et peut-être bien que je me suis gourrée encore ! Oh bon sang, dis-je en levant les yeux au ciel et en posant une main sur mon front. Mais comment, comment j'ai pu être une idiote pareille ?...

Je m'appuyai contre le mur, désespérée, dépitée, scrutant le sol en fermant délicatement mes yeux. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin, mais je bougeais pas, relevant légèrement la tête vers lui.

Vas-y, je prendrais le prochain le prochain...J'ai besoin de..., dis-je cette fois totalement normalement, même gentiment peut-être.

Je laissais ma phrase en suspens tout en agitant ma main pour signifier certainement de l'air, ou de l'espace. J'attendais sa réaction, c'était à moitié du cinéma en fait, mais c'était tellement marrant...de se venger. Je n'avais pas encore décidé si j'allais laisser passer cette erreur ou non, mais ce qui était sûr, c'est qu'il y avait un parasite à éradiquer...Peut-être qu'il disait vrai après tout, cette fille avait l'air complètement déjantée de toute façon.

Elle l’ignorait. Il encaissa. Elle avait une réaction normale… Il en fut déçu… En effet, il pensait que leur relation était si spéciale qu’une réaction si normale était si décevante.
Il vit les yeux bruns brillés mais contenir tout éclat... Alors que fit-il ? Il arrêta de parler, ne trouvait plus ses mots...

Elle l'avait écouté, mais mal écouté : A sa première réplique, Thomas baissa son regard et lâcha dans un soupir une expression de désillusion, de regret, de culpabilité. Un soupir qui remplaçait la phrase "tu sais très bien où je voulais en venir..."

Héléna : [...] Mais comment, comment j'ai pu être une idiote pareille ?...

Il avait beau un homme et fière de l'être, il sentit sa gorge se serrer, sans pour autant le montrer de l'extérieur. N'avait-elle pas compris que lui aussi cherchait ses marques, que lui aussi avait besoin d'elle comme elle a eu besoin de lui, dans son appartement, après la scène des verres de vin. Mais les hommes, c'étaient sensés être plus forts et toujours tout encaisser pour leur gueule...toujours.
Le scientifique l'observait ainsi faire sa scène, adossée entre les deux ascenseurs. Il plaça une main dans sa poche tandis que l'autre vint en une seule fois ébouriffer calmement ses courts cheveux masculins.

Non, jusqu'à là tu n'as pas été idiote... Répondit-il sèchement en ne terminant pas sa phrase, laissant parfaitement sous-entendre que si elle croyait ça et en restait entêtée, elle allait l'être, idiote.
Tu crois vraiment que toutes ses dernières scènes, chez toi, dans les bois, c'était du cinéma ? Hum, je dois alors être le meilleur des comédiens... Souffla-t-il une dernière fois avant que les portes automatiques et métalliques ne s'ouvrent. Ses pupilles examinèrent le fond de cette cage vide avant qu'elles ne se reperdent dans le brun noir foudroyant de celui d'Héléna, qui déviait vers le bas.

Sous sa demande, il s'engouffra dans l'endroit étroit et bruyant, ne disant mot, lui lançant juste un dernier regard abattu. Thomas ne pouvait rien faire de plus, cela n'aurait servi strictement à rien..elle ne voulait rien entendre, rien comprendre. Cependant, juste avant d'appuyer sur le bouton du cinquième étage, l'homme en chemise blanche ressortit à moitié de l'ascenseur, prit la main exaspéré de la jeune femme dans son mouvement, l'ouvrit délicatement et y déposa son bracelet. Le tout sans la regarder, sans qu'elle n'entrevoie son visage.
J'ai retrouvé ça dans ma veste, en rentrant.

Elle l'avait perdu dans l'aventure avec le chien, probablement.
Son ton avait été incroyablement neutre. Il était énervé, lui aussi. Son corps re-rentra entièrement dans la cage, les portes se refermèrent, il rejoignit l'étage des scientifiques.

Thomas : Non, jusqu'à là tu n'as pas été idiote..., avait-il rétorqué de manière sèche.

Ca m'a plus secoué que je ne le pensais, peut-être en faisais-je trop. Je déteignais sur lui c'était certain, sinon pourquoi aurait-il pris ainsi la mouche ? J'avouais être une personne se vexant plus facilement que d'autres, c'est pourquoi ce baiser qui ne signifiait rien selon lui m'avait fait tant de mal. Je ne répondis rien, alors que ma gorge se serrait encore un peu plus...

Thomas : Tu crois vraiment que toutes ses dernières scènes, chez toi, dans les bois, c'était du cinéma ? Hum, je dois alors être le meilleur des comédiens...

Encore une fois, mes lèvres ne s'entrouvrirent pas pour laisser passer le moindre son qui aurait pu servir de réponse. J'étais muette et perdue, indécisive entre mon coeur et ma raison. Je voulais tellement pouvoir tout oublier et recommencer cette journée, sans l'autre folle bien sûr, mais si cet événement s'était passé, il n'y avait pas de hasard. Quel tour l'univers me jouait-il encore, n'en avais-je pas encore assez vu ?

Je le laissai s'engouffrer dans l'ascenseur suite à ma demande, mais à peine quelques secondes suivirent jusqu'à ce que je sente un métal froid dans ma main. Et aussi le contact chaud de ses doigts...Je fermai les yeux afin de me concentrer, afin de lutter pour que mes jambes ne me poussent pas dans cette cage d'ascenseur.
Il l'avait trouvé dans sa veste...Comptait-il le garder comme porte-bonheur avant cette dispute ridicule ? Enfin non, pas tant que ça au vue des actions précédentes, mais tout de même, je regrettai de mettre emportée à ce point. Les portes se l'ascenseur se refermèrent sur lui, et je pris le prochain afin de rejoindre les bureaux.