Soupe chinoise d'un soir

Marty: Evans? Dolly?

Enlevant les écouteurs d'un lecteur mp3, l'agent sourit avant de regarder le repas de Jezebel. Elle, elle n'allait pas rentrer chez elle; Marty était persuadé qu'elle était ce genre de personnes qui iraient même jusqu'à dormir sous leur bureau pour ne pas râter un jour de travail. En d'autres mots, une tarée. Une givrée. Une 'malade'. Heuresement pour lui, McGraw n'était pas aussi impliqué. Loin de là. Sa casquette sur la tête, le sac sur le dos, il avait hâte de rentrer chez lui et de dormir. Ou de regarder la télé.

Je relevai la tête vers ce rat de laboratoire de ma vie, un sourcil en hauteur.

_ McGraw, vous rentrez déjà chez vous ? Vous souvenez-vous lorsque je vous ai interdit de m'appeler Dolly ? J'ignore encore de quel continent vosu venez pour employer un tel vocabulaire...

Non-chalemment, j'allai me vautrer sur mon bureau les pieds croisés en face de mon écran avant d'ouvrir mon pot de nouilles, humant l'odeur si délicate avec un sourire.

_ Sentez ça, le Bleu, ça respire la bonne nutrition à des kilomètres. Un ami de mon frère est Coréen, il tient un petit restaurant de Manhattan. Ce gars fait de vrais délices. Washington, à côté c'est de la gnogniotte !

Machant mes nouilles, les baguettes en l'air, j'étudiai mon camarade de jeu de haut en bas d'un air introspecteur.

Marty: On aime la bonne nouriture alors...

Avec un sourire espiègle, l'agent vint s'asseoir au bord du bureau de Jez.

Marty: Pourquoi cela ne m'étonne-t-il pas?

Je fronçai les sourcils en ignorant ses paroles.

_ Vous sortez McGraw ?

Je relevai le nez en sniffant les alentours avant de grimacer.

_ Et c'est quoi cette odeur ?!

Marty: Ca vient peut-être de la nourriture.

Je le regardai en plissant les yeux : meurtrière.

_ McGraw, vous apprendrez que ma nourriture... sent bon !

Marty: Tu sais Darlene... Si tu mettais autant d'énergie à te trouver un copain, tu ne serais pas là. Dîner seule dans des locaux quasiment vides.

D'un coup, je me levai pour lui faire face, le regard déterminé.

_ Qu'est-ce qui vous fait croire que je veux me trouver un copain, le Bleu ?

Marty: Rien justement. Rien...

Son sourire s'allonge.

Marty: Tu sais, je connais quelqu'un. Je pense que vous pouvez bien vous entendre. Winslow est très drôle et célibataire.

Je me rapprochai un peu plus de son visage en plissant les yeux, lui tordant un téton des doigts.

_ Ne cherchez plus... A me caser... avec des bleus dans votre genre... McGraw.

Marty: Aïe!

Fronçant les sourcils, il fit une grimacce comme s'il était vexé du comportement de Jez.

Marty: Je cherche à t'aider. C'est ce qu'on fait non, bro'? On s'entre-aide. Winslow est... quelque chose.

Haussant un sourcil, je me désintéressai de lui pour me réinstaller à mon bureau.

_ Votre Winslow ne m'intéresse absolument pas. Je n'ai pas le temps de jouer à ces petits jeux de gamins qui se bécotent au détour d'une rue !

Marty: C'est comme tu veux. Je te sens tendue, c'est tout. Et Winslow est une chouette fille.

D'un coup je me levai en grognant et le bousculai pour m'approcher d'un placard.

_ Vous n'êtes qu'un RAT, le bleu...

Revenant avec une boîte de crayons neufs, je le montrai du doigt.

_ Et je ne vous aime pas du tout !

Marty: Je ne suis pas là pour être aimé. Mais si tu permets...

Il attrape alors les nouilles de Jez pour expecter le contenu avec une petite grimace et un haussement de sourcils; "Yuk."

Marty: ...tu te laisses vite emporter pour un agent aussi compétent. Où est passé ton sang-froid?

Je lui repris mes nouilles des mains.

_ Ne touchez pas à ma nourriture, vous pourriez la contaminer.

Puis je me réinstallai confortablement avec un sourire.

_ Vous ne trouvez pas gonflé ce genre de répliques pour quelqu'un qui possède dans son portable des tonnes de messages de filles dont je suis certaine que vous vous souvenez à peine de leurs prénoms....

Je penchai légèrement la tête avec un sourire et un sourcil haut genre "hehe", les lèvres entrouvertes avec malice.

Marty: C'est différent. Ca touche à ma vie privée. Et ça n'a aucun effet sur mon travail.

_ En quoi mon célibat influe-t-il sur mon célibat ? Moi au moins, je n'arrive pas avec une gueule de bois alors que je cherche le prénom d'une fille dont je ne me souviens même pas le visage parce que j'étais trop amorti pour m'y intéresser !

Marty: Je parlais de ton sang-froid pas de ton célibat. Mais parlons de ton célibat, tu sembles prendre ce sujet à coeur.

_ Où voulez-vous en venir, McGraw ? Ne tentez pas de me prendre pour votre poupée à vos heures d'ennui cérébral. Remarque, ce serait bien la seule chose de cérébrale chez vous !

Je manquai d'éclater de rire en passant mes bras derrière ma tête, me laissant légèrement basculer en arrière avant de me raviser, tombant légèrement trop à mon goût. Je fis un léger hoquet en me redressant puis je me raclai la gorge en reprenant mes baguettes. Et enfin, la bouche pleine :

_ Ca ne me dit pas où vous allez avec votre odeur de mâle qui sent à des kilomètres à la ronde !

Marty: Où je vais?

_ Vos chaussures à 500$ ne vont pas partir toutes seules, McGraw !

Marty: Tu sais quoi Evans? Je vais te tenir compagnie. A moins que tu préfères ton petit chéri.

Je souris.

_ Ouuhh, me tenir compagnie, Le Bleu ? Vous n'avez pas peur de finir dévoré ? Et comme vous le voyez, il n'y a pas de chéri ici. Je n'attends personne... Et Chéri... n'existe pas ! Sauf dans votre petite tête, McGraw !